Bouclier contre l’inflation, le livret d’épargne populaire reste sous les projecteurs de l’épargnant vigilant
Le livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, offre un taux de rémunération lié à l’inflation. Cependant, près de la moitié des ménages éligibles ne l’utilisent pas.
Le contexte actuel pousse les Français à épargner davantage, ce qui suscite un regain d’intérêt pour les livrets d’épargne réglementés. Parmi eux, le LEP connaît une augmentation considérable de ses encours, passant de 38 à 58 milliards d’euros entre début 2021 et mi-2023.
Ce livret est accessible aux ménages modestes sous conditions de ressources et est le seul à garantir une protection complète contre l’inflation grâce à son taux de rémunération indexé sur celle-ci. Les banques sont contraintes par l’État de le rémunérer à ce niveau. Cependant, il reste encore un taux élevé de non-recours à ce livret, environ 46% selon la Banque de France.
Le taux d’épargne des ménages a augmenté avec la crise sanitaire, atteignant 21% début 2020. Même s’il a diminué depuis, il n’est pas revenu à son niveau initial. Ce surplus d’épargne concerne surtout les plus riches, en raison de la progression de la rémunération du capital et de la suppression de la taxe d’habitation pour les plus fortunés.
L’inflation a également modifié les habitudes d’épargne des Français. Les taux bas des livrets d’épargne rémunérés avaient rendu moins attractif ce type de placement, mais l’inflation a inversé la tendance en faveur de ces livrets au détriment des comptes courants.
Le LEP, accessible aux ménages modestes, connaît donc un véritable boom et compte désormais plus de 10 millions de comptes. Son taux de rémunération, indexé sur l’inflation, a atteint 6,10% en début d’année, descendu à 6% depuis. Il reste ainsi bien supérieur aux taux du livret A et du LDDS, qui sont figés jusqu’à début 2025.
Afin de réduire le taux élevé de non-recours au LEP, des mesures ont été prises par le ministère de l’Économie et des Finances. Depuis 2021, les données nécessaires à l’ouverture d’un LEP sont automatiquement transmises aux banques par l’administration fiscale, réduisant ainsi les coûts de gestion de ce livret. De plus, des campagnes de promotion ont été menées pour informer les contribuables éligibles.
Cependant, seuls 54% des 18 millions de Français éligibles possèdent un LEP, tandis que moins d’une personne sur deux l’a ouvert malgré son éligibilité. Le taux de détention est plus faible chez les ménages les plus modestes, notamment les 10% les plus pauvres.
Malgré l’augmentation du plafond du LEP à 10 000 euros, contre 7 700 euros précédemment, il reste un potentiel de diffusion limité en raison de la capacité d’épargne réduite des ménages modestes. Une communication ciblée pourrait permettre d’augmenter le taux de détention chez certaines catégories sociodémographiques, en particulier les jeunes.
En conclusion, le livret d’épargne populaire reste un outil intéressant pour protéger son épargne de l’inflation. Malgré le taux élevé de non-recours, des mesures ont été prises pour le mettre davantage en avant et favoriser son utilisation. La collecte devrait continuer à augmenter, notamment grâce à l’augmentation du plafond du livret et à la conjoncture économique incitant à continuer à épargner.
0 commentaires