Comment les multimilliardaires comme Bloomberg façonnent l’économie mondiale

La campagne de Bernie Sanders connaît un succès retentissant aux États-Unis. Après avoir remporté les primaires dans l’Iowa et le New Hampshire, il a obtenu près de la moitié des voix dans le Nevada. Cependant, face à lui se dresse une classe de milliardaires prête à dépenser des sommes colossales pour l’empêcher de se hisser à la présidence américaine. Parmi eux se trouve Michael Bloomberg, qui a décidé de participer lui-même aux élections.

La domination historique du grand capital dans la démocratie américaine

Depuis les débuts de la démocratie américaine, le grand capital a toujours exercé une influence considérable, comme en témoigne le fait que tous les présidents jusqu’à aujourd’hui étaient déjà millionnaires avant leur investiture. Cependant, c’est surtout en coulisse que se fait sentir l’influence des multimilliardaires, dont la richesse se compte désormais en milliards plutôt qu’en millions. Ils financent généreusement les campagnes de leurs candidats favoris, que ce soit lors des élections locales, nationales, législatives ou présidentielles. Sans des fonds suffisants, il est impossible de rivaliser avec la déferlante de publicités des concurrents.

En échange de leurs généreux dons, les milliardaires demandent aux candidats de défendre leurs intérêts. Donald Trump, actuel président des États-Unis, a fait partie des exceptions en s’auto-finançant lors de sa campagne. Il a également constitué un gouvernement composé d’ultra-riches, conduisant ainsi à une plus grande prédominance de la classe des milliardaires au pouvoir.

L’essor des « Super PAC »

Étant donné que les dons individuels aux candidats politiques sont légalement plafonnés, les financements importants passent généralement par des organisations intermédiaires. Au cours de la dernière décennie, les « Super PAC », ou comités d’action politique indépendants consacrés uniquement au financement des candidats, ont émergé. Ces groupes de pression financent directement les frais de campagne, tels que la publicité, sans passer par les mains des candidats eux-mêmes. Les dons ne sont donc pas soumis à des restrictions de montant.

Depuis 2010, les Super PAC jouent un rôle majeur dans les élections présidentielles, législatives et les primaires démocrates en cours ne font pas exception à la règle. Plus de 1 600 Super PAC ont collecté près d’un demi-milliard de dollars pour les différents candidats. Certains soutiennent un candidat spécifique, d’autres collectent des fonds pour un parti indépendamment du candidat, et d’autres encore soutiennent différents candidats en fonction de certaines caractéristiques.

Actuellement, parmi les démocrates, les milliardaires soutiennent principalement l’ancien vice-président Joe Biden, bien que Pete Buttigieg puisse également compter sur le soutien des Super PAC depuis le début de sa campagne. Amy Klobuchar et Elizabeth Warren, quant à elles, ont reçu le soutien des Super PAC respectivement depuis quelques mois ou semaines seulement.

Bloomberg, le banquier devenu homme politique

Outre l’intervention des Super PAC, certains milliardaires participent directement aux élections, comme Tom Steyer, un riche financier. Récemment, un autre milliardaire bien plus célèbre est entré dans la course aux primaires démocrates : Michael Bloomberg, le 9e homme le plus riche du monde. Ancien banquier à Wall Street, il a fondé sa propre entreprise de logiciels financiers avant de se lancer dans l’industrie des médias. À 78 ans, Michael Bloomberg a déjà une longue carrière politique derrière lui, ayant été membre du parti démocrate, républicain puis indépendant. Il a été maire de New York à trois reprises, malgré des scandales liés à sa politique policière discriminatoire et à la culture sexiste de son entreprise.

Bloomberg, dont la fortune est d’environ 65 milliards de dollars, a rejoint tardivement la campagne présidentielle mais est déjà prêt à dépenser des sommes colossales pour sa campagne. Il a déjà investi 416 millions de dollars et serait prêt à dépenser un milliard supplémentaire, grâce à sa société qui rapporte environ 10 milliards de dollars par an. Son objectif est de déloger Donald Trump de la Maison Blanche, car sa société souffre de la guerre commerciale engagée par l’actuel président.

Toutefois, Bloomberg lui-même est très controversé en raison de sa culture d’entreprise sexiste et de sa politique policière discriminatoire visant les jeunes noirs et latinos. Même s’il est cinq fois plus riche que Trump, il suscite des interrogations quant à sa capacité à convaincre les électeurs américains.

Les convictions de Bernie Sanders face à l’influence des milliardaires

Lors d’un débat télévisé auquel Michael Bloomberg a participé malgré le fait qu’il ne remplissait pas les conditions requises, Bernie Sanders a déclaré : « Des milliardaires comme Michael Bloomberg ne devraient pas avoir la possibilité d’acheter des élections ». Sanders est le seul candidat à ne pas recevoir d’argent des Super PAC et se bat depuis des années pour abolir ces organisations.

L’une de ses priorités est de dissocier la politique des intérêts de la classe des milliardaires. Il estime que le système politique est entre les mains de cette classe, ce qui explique pourquoi des millions de citoyens américains n’ont pas les moyens de s’offrir une assurance maladie alors que de grands assureurs réalisent d’énormes bénéfices chaque année. La campagne de Sanders est entièrement financée par les petits dons de millions de sympathisants, ce qui lui confère un trésor de guerre bien plus important que celui des candidats soutenus par la classe des milliardaires.

Le Super Tuesday, qui aura lieu le mardi 3 mars, permettra de voir si Michael Bloomberg pourra réellement convaincre les électeurs américains avec sa campagne financée par sa propre fortune.

N’oubliez pas notre dernier sujet sur :